histoire de la télévision – 19 – la concurrence 2

Concurrence: acte II

Les grands changements


 

13 février 1989.

Télé-journal:

  • J: Le CSA, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a été installé officiellement tout-à-l’heure. La nouvelle instance, qui va régir les radios et les télévisions, a été mise en place par le Chef de l’Etat.

A la présidence de ce conseil, François Mitterrand désigne un haut fonctionnaire qui aura été un bref PDG de TF1, en 1981, Jacques Boutet. Après la Haute Autorité, après la CNCL, c’est la 3ème instance de régulation audio-visuel dont se dote la France en sept ans.

Jacques Boutet, président du CSA de 1989 à 1995: «Au casse-pipe, on y croit pas, on est jamais très modeste dans ces cas-là, hein? Puis bon! Les autres ont échoué, mais les circonstances ne sont pas, et on voit très bien, il n’y en a pas une qui réussisse.»

Le CSA va connaître sa 1ère épreuve dès l’été 1989. Il doit choisir un PDG commun aux deux chaînes publiques: Antenne2 et FR3. La décision d’instaurer une présidence commune est une conséquence du déséquilibre accru entre secteur publique et privé. Disparités salariales, redevances trop faibles, inflation sur les droits audio-visuels face à l’empire de TF1, aux coups de boutoir de la Cinq, les chaînes publiques sont en perte de vitesse. L’idée qui préside à la réforme engagée par Catherine Tasca et Jacques Lang consiste à rapprocher et à harmoniser les deux grandes chaînes publiques

Jacques Lang: «Cette idée de présidence commune m’est venue à l’esprit lors d’une conversation avec Patrick Le Lay qui était le président de TF1. Un homme, au demeurant d’une grande intelligence, un vrai professionnel, un homme qui sait faire. Il faut toujours écouter avec attention à ce que dit Patrick Le Lay. Et il m’a dit, ce jour-là, parce que nous bavardions un petit peu de l’équilibre du système, il m’a dit: «Quel dommage que je ne puisse pas en même temps gérer la Cinq ou la 6» alors je lui dis: «Mais vous voulez devenir le maître absolu de tout!» il me dit: «Non.» ou plutôt, il m’explique que si il détenait deux réseaux, il pourrait assurer des rediffusions, assurer des programmations complémentaires. Ici, une programmation plus grand public, là, une programmation plus pointue. Et je me suis dis, l’écoutant parler: «Quelle ingénieuse idée! Pourquoi ne pas l’appliquer au service publique!» Et j’en ai parlé avec Catherine Tasca qui a trouvé l’idée ingénieuse et progressivement, elle a fait son chemin.»

Patrick Le Lay: «Oui, sans doute, oui. Ça doit être cette idée-là. C’est Jacques Lang qui souffle à Catherine Tasca une mauvaise idée que je lui ai donnée. Sûrement, oui. D’ailleurs j’aurais mieux fait de me taire ce jour-là.»

Catherine Tasca, ministre déléguée à la Communication: «La présidence commune est une chose à laquelle j’ai beaucoup tenu, personnellement, j’ai dû beaucoup travailler, beaucoup de gens, beaucoup d’instances, pour obtenir le feu vert là-dessus.»

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