– histoire de la TV – 18 – concurrence A

La valse de la concurrence: acte I

1987. François Mitterrand a fait la promesse d’un renouvellement du paysage audio-visuel. C’est la promesse de l’arrivée du privé dans le secteur. Depuis un an, la majorité a changé et c’est le début de la première cohabitation: Jacques Chirac, 1er ministre; Edouard Balladur, ministre du Budget; François Léotard, ministre de la Culture et de la Communication.

Le 4 avril, la CNCL donne sa réponse. Le vainqueur est le groupe Bouygues alors que le groupe Hachette était favori, ceci à dix voix contre trois.

Le soir même de ce 4 avril sur TF1, les deux invités du journal de 20 heures, Francis Bouygues et Patrick Le Lay sont les vainqueurs de cette compétition.

 

 

Télé-journal:

  • J1: Monsieur Patrick Le Lay, vous allez être le directeur général du président de TF1Francis Bouygues. Vous êtes, depuis aujourd’hui, le vainqueur, les vainqueurs du groupe Hachette. Allez-vous faire, au groupe Hachette ou à certains de ses associés, des propositions d’alliance pour travailler sur TF1?
  • PL: Avec les associés du groupe Hachette?
  • J1: Pourquoi pas? Je vous pose la question.
  • PL: Nous n’avons l’exclusive pour quoi que ce soit. Nous avons par contre un groupement qui est bouclé au niveau du partenariat. Donc nous ne pouvons pas faire entrer de nouveaux partenaires.
  • J1: Une petite question anecdotique, qui peut intéresser les téléspectateurs, vous avez acquis 50% du capital pour 3 milliards de francs. Comment se paie trois milliards de francs. On fait un chèque à l’ordre de Monsieur Balladur ou on paie à tempéraments?
  • J2: Et quand?
  • J1: Et quand?
  • PL: Alors il y aura 18 chèques à l’ordre du Trésor, puisqu’il y a 18 partenaires.
  • J1: 18 chèques à l’ordre du Trésor Publique?!
  • J2: Dernière question, si vous le voulez bien, quel sera le calendrier?
  • PL: Le calendrier! Je crois que le 16 avril se réunit. Il y aura deux conseils d’administration qui doivent nommer les nouveaux actionnaires. À l’issue du conseil, il y aura un nouveau président. Et l’opération sera bouclée au niveau de la privatisation.

Dans les jours qui suivent, la privatisation est effective. Au cours d’un conseil d’administration, le directeur de TF1, Hervé Bourges, cède le fauteuil de PDG à Francis Bouygues. Pendant quelques semaines, il gardera un rôle de conseiller. Patrick Le Lay devient vice-président de TF1. Mais avant tout, Francis Bouygues a dû signer le plus gros chèque de son existence à l’ordre du Trésor.

Télé-journal:

«Un chèque de 3 milliards de francs, remis ce matin pour 50% de la chaîne, acquis par lui-même et ses partenaires. Un gros chèque, mais aussi un contrat de session qui donne le sourire et les poignées de mains.»


Symboliquement, le passage de TF1 du service publique au privé est célébrée au cours d’une gigantesque fête qui rassemble 7’000 invités. Le tout audio-visuel français est réuni tandis que courent les premières rumeurs sur l’avenir des vedettes du petit écran, les SabatierPolacCollaro.

Télé-journal:

  • J: «Dans la marre aux stars, chacun patauge pour arracher le meilleur contrat. Entre strass et stress, les forçats du micro ne veulent plus être des ouvriers à la chaîne.»
  • MP: «Euh, là c’est le budget. C’est important pour les émissions. Mon aspect financier à moi l’est également. Aux dernières nouvelles, mon émission: «Droit de Réponse» ne sera pas menacée. Les hésitations entre la Une et la Cinq…»

Savourant sa victoire, Francis Bouyques n’imagine pas une seconde que les stars de TF1 puissent quitter sa chaîne. Le numéro 1 mondial du bâtiment ignore que la 1ère bataille de la guerre des chaînes vient de commencer.

 

 

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