– histoire de la TV – 31 – Torracinta3

Claude Torracinta-3

Point de vue d’un Suisse sur la télé-réalité.

Entretien avec Jacques Mouriquand, journaliste: d’«Histoire Vivante» sur la chaîne suisse-romande la 1ère et Claude Torracinta. Entretien que j’ai essayé de laisser le plus fidèle possible. (Geneghis)

Faire vivre une démocratie, ou la mettre en danger!

Dans le documentaire: «Le temps de cerveau disponible», la perspective tracée par le réalisateur Christophe Nick et le philosophe Bernard Stiegler est des plus terrifiante.

Jacques Mouriquand: «Comment comprendre que pour certains domaines, on admet l’idée de la loi, et que là, concernant la télévision on dise: «On ira pas jusqu’à la loi.»»

Claude Toracinta: «Le fait qu’on accorde à une société, privée ou publique, le droit de faire la télévision. Car pas n’importe qui peut faire de la télévision. Si vous et moi, ce soir, sortons dans la rue et décidons de créer une société pour faire de la télévision, on n’a pas une autorisation d’émettre.

Donc je trouve tout-à-fait légitime qu’en fonction de cette autorisation qui est donnée à une société privée ou publique de faire de la télévision, on fixe un certain nombre de règles, un cahier des charges. Quand vous êtes une télévision de service publique, en Suisse par exemple, vous ne pouvez pas consacrer toutes les chaînes, toute votre chaîne uniquement en faisant du divertissement et de la variété. L’Etat pourra vous dire: «Je vous donne l’autorisation d’émettre, mais à condition de respecter un certain nombre de programmes. À la fois une émission de variétés, une émission de jeunesse, une émission d’information etc…»

De la même manière, si vous donnez à une chaîne l’autorisation d’émettre, que ce soit la télévision privée ou publique, je répète, vous fixez un cahier des charges sur un certains nombre de valeurs, sur un nombre de ratios à respecter, qui évite ainsi cette dérive à laquelle on assiste maintenant.

Alors ça peut s’appeler en France: la CSA, en Suisse: l’autorité autonome d’examen des plaintes, peu importe le système! Mais si vous voulez, il y a des gardes-fous et non pas une censure. Les gardes-fous à postériori et non à priori.»

Jacques Mouriquand: «Mais comment expliquer alors que ces gardes-fou soient de plus en plus abattus en quelque sorte, je donne un exemple concret de la fin du documentaire «Le temps de cerveau disponible», on en est à la dissection de cadavres, le samedi soir, émission «prime-time» en Angleterre.»

Claude Toracinta: «Mais parce qu’il y a un non-respect, une dérive des responsables politiques vis-à-vis de l’évolution de la télévision!

Je prends l’exemple de la Suisse. Je pense que la télévision suisse ne pourrait pas faire n’importe quoi. L’autorité de surveillance pourrait intervenir en disant: «Là, vous ne respecter pas votre cahier des charges! Vous ne respectez pas un certain nombre de valeurs!» Toujours à postériori, non pas à priori. Car la censure est à priori.

Cela dit, ce qui se passe actuellement en France avec certaines émissions, ce qui se passe en Angleterre et certains groupes de télévisions dans d’autres pays, elles ne respectent pas de cahier des charges. C’est parce que l’autorité politique ne joue pas son rôle de garde-fou. Elle ne vous dit pas: «Je vous ai donné cette autorisation d’émettre. Vous bénéficiez d’un avantage par rapport à d’autres sociétés, de pouvoir émettre et de faire de la télévision. Mais vous ne pouvez pas faire n’importe quoi! Vous devez respecter les règles que nous avons fixées au préalable!» Pour autant qu’elles aient été fixées au préalable.

Je le répète en Suisse, il y a un cahiers des charges et vous ne pouvez pas faire n’importe quoi!»

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